Dès que j’ai entendu parler de cette retraite en silence, cela m’a immédiatement interpellé. J’ai mordu puis j’ai pris le temps de mûrir ma réflexion. Trois jours avant la retraite, je n’avais pas trop envie d’y aller, une certaine crainte s’est installée. Humainement, on partait pour une aventure.
Le silence
Nous étions dans un environnement absolument magnifique, très confortable : un vrai cadre de prière. Nous étions portés, l’aventure pouvait commencer. C’était un cadeau de pouvoir s’immerger dans la nature.
Dès le premier soir, le Père Éric et Marie-Claire nous ont proposé de déposer nos téléphones le temps de la retraite. Nous avions la soirée pour prévenir nos proches et le lendemain matin nous avons déposé nos portables, tout le monde a joué le jeu.
Le silence pouvait commencer, « battre son plein », il n’y avait plus rien qui parlait. C’était un premier temps pour nous aider à nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu. Les portables font partie de nous, on ne peut rien faire sans téléphone, mais là nous étions libérés. C’est génial comme expérience.
Le deuxième jour, c’était le dépaysement total. Je ne savais plus trop où j’étais par rapport à mes habitudes, moi qui vis seule, avec mon téléphone, mon programme, une invitation par ci par là. Il y a eu ce temps où j’ai perdu pied et c’était fatigant, j’essayais de me raccrocher aux branches du cadre. Puis le Seigneur m’a aidée et le lendemain matin il m’a remise sur pied.
On a eu des combats, de la distraction dans la prière, de la fatigue… Mais c’est sain, je ne regrette pas ces combats, ils permettent une certaine avancée.
Le Groupe
Nous étions 5 personnes de la paroisse de Talence, on ne se connaissait pas et on ne s’est pas parlé, sauf au premier repas. Il y avait des gens d’autres diocèses ainsi que la Communauté du foyer de charité.
Comme nous ne parlions pas, un regard, un sourire étaient nos moyens de communiquer : nous formions une communauté.
Le message
L’aventure continuait avec les enseignements du Père Éric et de Marie-Claire. C’était chouette cette complémentarité homme-femme. Marie-Claire nous montrait diverses reproductions magnifiques, notamment de la Vierge Marie. Ces peintures illustraient ce que disait le Père Éric.
Des textes on en a avalé ! Le père Éric a fait le choix de nous faire copier les textes pour les garder en mémoire, belle expérience que de s’y plonger. On était invité à mâcher la Parole. C’était beau.
Il y avait de nombreux temps de méditation nourris par trois enseignements quotidiens intenses, éclairés par l’Ancien Testament et les prophètes. Les temps de prière avec la communauté et notre groupe convergeaient vers l’Eucharistie. J’ai souvent pensé que l’itinéraire de la retraite que nous poursuivions jour après jour n’était pas loin de la Vigile Pascale que nous venions de vivre à Talence. J’avais l’impression de revivre toute cette vigile. Ça a été un moment tellement fort, je nous revoyais le samedi saint.
C’était extraordinaire cette vigile pascale.
Marie-Claire nous a parlé du ciel, de l’enfer et du purgatoire, pour moi c’était lumineux. Le fait que Jésus va venir nous chercher, retirer de l’enfer tous ceux qui veulent bien : c’est le consentement.
Puis on pourra tous se retrouver, vous vous rendez compte cette rencontre fraternelle avec tous nos frères, on parlera tous la même langue, c’est incroyable !
Chacun d’entre nous à une période donnée peut ressentir le besoin d’une halte pour se poser et se laisser saisir par le Christ. C’est une très belle expérience qui nous a été offerte et qui se prolonge aujourd’hui.
« Le silence est le tout de la prière et Dieu nous parle dans un souffle de silence. Il nous atteint dans cette part de solitude intérieure qu’aucun être humain ne peut combler. »
Frère Roger Taizé